1) Les origines de la crise
La Belgique est un pays ancien, puisque constitué au XIVe siècle par les ducs de Bourgogne, et maintenu depuis sous divers noms. Conscients de cette Histoire, et de bien des habitudes communes, les Belges sont, pour la plupart, attachés à la Belgique dont ils souhaitent la pérennité. Néanmoins ce pays se scindera, presque certainement, pour des causes historiques et conjoncturelles et surtout pour une raison tendancielle déterminante.
1.1 Causes historiques
La Wallonie est culturellement une région de langue d’oïl, très anciennement tournée vers la France. La langue de communication y fut toujours le français de Paris, seule langue écrite. Le picard et le wallon n’y sont employés comme langues littéraires que depuis le XIXe siècle, par des écrivains régionalistes. Économiquement, la prospérité de la Wallonie reposait, depuis le XVIIIe siècle jusqu’à l’après-guerre, sur les charbonnages, la métallurgie et la verrerie. Ces industries périclitèrent progressivement à partir des années 60 du XXe siècle, et les élites économiques de la région furent lentes à la reconvertir. A présent la Wallonie recouvre progressivement une activité économique nouvelle, qui ne résorbe cependant pas le chômage résiduel dans les villes frappées par la cessation des industries lourdes. Au contraire, depuis l’après-guerre, la Flandre s’est développée, partie par une politique gouvernementale volontaire de développement de l’économie flamande, partie par des capitaux anglo-saxons, grâce à la proximité des ports et au dynamisme d’une nouvelle classe d’entrepreneurs.
Le passé économique, politique et artistique de la Flandre est glorieux. Du treizième au dix-septième siècle, la Flandre fut, avec la Lombardie, un des foyers des changements économiques, agricoles et industriels, qui formèrent l’économie moderne, fondée sur l’investissement productif. Le peuple s’y révolta souvent contre les abus de pouvoir des puissants, pour défendre ses libertés. Et la prospérité de cette région en fit aussi un grand foyer de la peinture et de l’architecture. Mais, au XVIe siècle, les troubles religieux et politiques suscitèrent l’exil des élites vers les Pays-Bas du Nord, qui affaiblit beaucoup les Pays-Bas du Sud, la Belgique d’aujourd’hui. La Flandre fut particulièrement atteinte, son économie fut ruinée par la concurrence hollandaise, et sa langue fut, pendant trois siècles, écartée de l’usage officiel par les classes dominantes francophones. Malgré la renaissance économique et culturelle de la Flandre au XXe siècle, les Flamands sont restés sensibles aux usages linguistiques et ressentent comme une menace l’emploi du français. Et, fiers du passé et du présent de leur région, de nombreux Flamands aspirent au statut de souveraineté auquel des pays du centre de l’Europe ont accédé.
Néanmoins, quelques chimères doivent être dissipées :
- La Flandre a toujours été un pays bilingue, la langue française y a toujours été parlée par les classes dominantes et une partie du peuple. Cet usage n’est point dû à l’intervention d’un pouvoir français, car les quelques épisodes de domination française furent tous brefs ; ce sont les élites sociales locales, et des gouvernements dynastiques hostiles à la France, qui ont étendu l’usage du français. L’insulte flamande contre les Francophones de Belgique « Franse ratten ! » « Rats français ! » n’est pas seulement malséante mais historiquement fausse, et ne pourrait que suggérer aux destinataires qu’ils sont vraiment Français.
- Bruxelles doit d’être une ville importante aux ducs de Bourgogne, français mais adversaires des rois de France. C’est l’installation de la cour de Bourgogne, au XVe siècle, qui transforma en capitale d’une prospère principauté une petite ville, déjà résidence des ducs de Brabant mais encore semblable à la bourgade des origines, sise sur une île au milieu d’un marais (d’où son nom « broek-ysel » « l’île dans le marais ») et dominée par un château féodal perché sur une colline. C’est ensuite parce que Bruxelles était la capitale que le français s’y généralisa aux siècles suivants, puisque c’était la langue commune de toutes les élites sociales de l’Europe. Aux XIXe et XXe siècles, des Wallons y firent souche en grand nombre, et à présent les neuf dixièmes des habitants de la ville parlent français. Revendiquer que Bruxelles devienne flamande, c’est vouloir bénéficier de l’effet en révoquant la cause. Cependant, on peut comprendre la mélancolie des Flamands. Jusqu’au début du XXe siècle, un dialecte flamand était parlé dans les quartiers populaires du bas de la ville. Ce sont toujours des quartiers populaires, mais peuplés à présent de Marocains et de Turcs, qui pourraient devenir Belges ou Français mais ne seront jamais des amoureux de la terre flamande.
La réalité politique en Belgique est à présent contrastée : depuis un demi-siècle les Flamands sont dominants, et manifestent parfois leur prépondérance avec le manque de souplesse de ceux qui craignent encore une domination révolue. Cependant l’usage du français s’étend à mesure que l’agglomération bruxelloise grandit. On peut comprendre aussi le dépit des Flamands lorsqu’ils ne se sentent plus chez eux dans des communes jadis rurales et flamandes mais à présent devenues urbaines et francophones. Inversement, la limite linguistique administrative entre les régions fut fixée au cours des années 60 selon un recensement de 1947, déjà obsolète à l’époque, et qui ne correspond maintenant plus à la réalité. Plusieurs communes situées administrativement en Flandre ne comptent plus qu’une faible minorité néerlandophone, mais une forte majorité francophone parfois brimée par l’administration flamande ! De là de nombreuses frictions, et la tentation pour les Flamands d’obtenir la souveraineté qui leur permettrait d’instituer des barrières légales à l’extension du français, à laquelle ils n’opposent à présent que des obstacles chicaniers, parfois illégaux. Mais revendiquer la souveraineté obligerait à mettre à jour la limite linguistique, et à constater ainsi l’extension de l’agglomération bruxelloise et sa continuité de fait avec la Wallonie, ce que les nationalistes flamands ne veulent pas. Par leur intolérance, les nationalistes extrémistes flamands font à leur peuple une mauvaise publicité, qui marque les esprits. La Flandre vaut cependant bien mieux que cette image, et le dilemme des Flamands est réel.
Si de nombreux nationalistes flamands rêvent d'un État flamand, des politiciens flamands rationnels devraient le refuser, pour trois raisons :
- Un État flamand serait sous influence des pays Anglo-saxons et de l’Allemagne. Pourquoi avoir résisté pendant des siècles à la francisation, si c'est pour s'exposer à une anglicisation rapide ?
- La majorité flamande est assurée de dominer la Belgique, et ne s’en prive pas ! Pourquoi se mettre à la tête d'un État nouveau et inconnu de 6 millions d'habitants quand on peut diriger un pays de 11 millions d'habitants, ancien et bien connu dans le monde entier ?
- La Flandre souveraine ne serait guère qu’une zone industrielle du port d’Anvers, soumise à la concurrence de Rotterdam, laquelle ne désarmerait pas malgré la solidarité politique de deux États européens de langue néerlandaise. Et les difficultés à Bruxelles obéreraient l’avenir de cet État. Car soit la Flandre tenterait d’annexer Bruxelles et susciterait la résistance de citoyens ulcérés par ce coup de force ; soit la Flandre renoncerait à Bruxelles mais garderait la banlieue industrielle entourant la ville de trois côtés. Dans chacun des cas le développement de la région bruxelloise pâtirait, et un problème international contraindrait la politique flamande.
La situation, on le voit, sans être très complexe, n’est pas simple. Elle tend néanmoins à se simplifier, puisque le français n’a plus guère droit de cité en Flandre, que le flamand n’est presque plus parlé en France, que Bruxelles et la Wallonie sont désormais de fait contigus, et que les deux moitiés de la Belgique traitent de plus en plus leurs affaires séparément et connaissent de moins en moins la langue de l’autre.
Cette séparation progressive est une inflexion nouvelle dans le cours historique de cette partie de l’Europe.
1.2 Causes sociales
Les arguments économiques avancés pour scinder le pays sont circonstanciels. Au XIXe siècle, c'est la bourgeoisie francophone qui tenait la Belgique, en exploitant le prolétariat ouvrier wallon et le prolétariat rural flamand. A présent la Flandre est plus industrialisée et plus riche que la Wallonie. La roue pourrait encore tourner, mais le pays aura sans doute éclaté avant. Le conflit le plus apparent oppose le nationalisme des Flamands à l’unionisme belgicain des Bruxellois et des Wallons, mais à travers lui s’expriment d’autres tensions économiques et sociales sous-jacentes :
- Un conflit de classes. Comme partout en Europe, les dirigeants de l’industrie, soumis aux pressions des financiers, s’efforcent de comprimer les salaires par la mise en concurrence internationale et locale. Outre le chantage à la délocalisation, le nationalisme flamand est utilisé pour menacer de scission la Sécu belge, sous le prétexte que la solidarité oblige à des transferts nets de la Flandre vers la Wallonie (l’évolution démographique pourrait bientôt inverser ce flux, les pensions de retraite l’emportant sur les indemnités de chômage). Cette menace est ensuite utilisée pour faire pression sur les salaires en Wallonie, et en retour sur les salaires en Flandre. Pour que cette manœuvre soit efficace, il faut en même temps menacer de scinder le pays et maintenir une cohésion minimale.
- Une vieille mésentente entre les mouvements ouvriers wallons et flamands, pour une raison historique. La doctrine socialiste affirmant que les conflits de classe priment sur les conflits nationaux, les dirigeants ouvriers du XIXe siècle négligèrent la question nationale flamande. Mais les syndicats chrétiens s’y intéressèrent, de sorte que deux cultures ouvrières se sont formées, l’une surtout revendicative en Wallonie, l’autre plus participative en Flandre. Cette différence de culture empêche de coordonner les actions sociales dans les deux parties du pays.
- Un désaccord parmi les classes dominantes. Pendant les années soixante, les dirigeants traditionnels de l’industrie belge préférèrent les profits financiers à l’investissement productif (comme tant de leurs homologues, entre autres français, le firent souvent au cours des siècles), et mirent ainsi en péril maintes entreprises belges, qui furent acquises par des capitaux étrangers (beaucoup d’entreprises jadis belges furent reprises par des entreprises françaises, dont le capital est à présent dilué), de sorte qu’il n’y a plus guère de capitalisme belge. Mais un nouveau capitalisme flamand s’est construit après guerre, dont les dirigeants n’ont pas la fibre belge et sont tentés par le nationalisme. Cependant les classes dominantes belges adhèrent unanimement à l’idéologie européiste, d’abord par intérêt, comme dans tous les pays d’Europe, et aussi parce qu’elles en espèrent une résolution miraculeuse des difficultés du pays.
- Une incompréhension entre dirigeants et dirigés plus grande que dans d’autres pays, du fait de la complexité des institutions. La Belgique est administrée plutôt que gouvernée par une demi-douzaine de gouvernements et parlements, tous compétents sur presque tout, et la partitocratie est reine. Prendre des décisions est difficile. Les planques en tous genres nichées dans cet échafaudage sont nombreuses, et ce nombre est encore exagéré dans les esprits. Le mécontentement contre la classe politique est en proportion.
Ni les Wallons, ni les Bruxellois, ni même la majorité des Flamands, ne voudraient prendre l’initiative d’une crise grave. Mais la classe politique belge jouit d'une très grande autonomie par rapport aux électeurs, plus encore que la classe politique française. Rappelons-nous que les politiciens tchécoslovaques refusèrent naguère un référendum sur la division de leur pays, parce qu'ils savaient que la majorité de leurs concitoyens tenait à l'unité et aurait refusé la séparation. La menace de bloquer les institutions est brandie depuis des lustres par les politiciens flamands afin de dominer les Belges francophones, qui sont paralysés politiquement parce que leur conscience nationale les a conduits jusqu’à présent à vouloir sauvegarder la Belgique. Mais le fait nouveau est que le blocage est à présent devenu réel. Après des mois sans gouvernement, l’existence d’un pouvoir fédéral deviendra absurde pour tous. Aussi la vacance du pouvoir conduira-t-elle très vraisemblablement, lors d’une prochaine crise politique, à la scission du pays, même contre le vœu des citoyens.
En effet débloquer durablement la situation est dorénavant presque impossible, car les mouvements séparatistes flamands, actifs, ont essaimé dans tous les partis politiques flamands, qui se sont eux-mêmes piégés dans la surenchère nationaliste. Même si un gouvernement pouvait durer quelques temps, grâce à la mise à l’écart temporaire des nationalistes flamingants les plus véhéments, le problème ne tarderait pas à resurgir. Ce sont donc ces politiciens flamingants qui choisiront le moment de l’éclatement et tenteront d’en imposer les modalités ; les politiciens flamands suivront pour garder leurs places, et les politiciens bruxellois et wallons se borneront à réagir. L’exigence des dirigeants flamands de mener des négociations entre « communautés » et non entre régions, afin d’en exclure les Bruxellois, révèle clairement leur dessein : scinder le pays en annexant Bruxelles à la Flandre. Seul un homme politique d’un courage exceptionnel pourrait dire aux Flamands la vérité : que flamandiser Bruxelles est impossible, et qu’un État annexant contre leur gré les habitants d’une métropole se vouerait à déclencher une violence qui le discréditerait. Aussi les Flamands tenteront-ils un jour cette manœuvre vouée à l’échec. Et, pour résister efficacement, les Bruxellois se tourneront alors vers le seul État dont l’appui diplomatique puisse contrebalancer le poids du nombre et en imposer ainsi aux dirigeants flamands : la France.
1.3 Raison tendancielle
Des incidents circonstanciels ne suffiraient pas à briser un pays qui va cahin-caha depuis presque deux siècles, mais une raison tendancielle déterminante divise la Belgique : l’approfondissement de la démocratie.
La Belgique moderne a en effet été conçue au temps du libéralisme du XIXe siècle, lorsque, dans les pays les plus avancés, la bourgeoisie dominait le peuple sans partage, en détenant les capitaux, dirigeant les affaires publiques, et exerçant seule les droits politiques grâce au suffrage censitaire. Partout en Belgique, la bourgeoisie parlait français et dominait le peuple, qui parlait des dialectes flamands, bas-allemands, picards ou wallons selon les lieux. La prépotence de la bourgeoisie et des parvenus francophones, sans nul doute déplaisante, n’exprimait toutefois pas une domination des Wallons sur les Flamands, qui relève de l’imaginaire et pas de l’Histoire.
Mais ces temps sont révolus : dans tous les pays d’Europe la démocratie s’est étendue à tout le peuple, et s’est approfondie. Elle concerne désormais non seulement les affaires politiques mais aussi les affaires sociales, traitées de façon de plus en plus individualisée. La conciliation pacifique d’intérêts divergents, la prise de décisions générales, nécessitent que les citoyens comprennent la même langue et partagent des principes politiques communs, tandis que la prise en charge collective des accidents de la vie individuelle les plus douloureux repose sur un sens de la solidarité sociale qui étend le sentiment de la solidarité familiale. C’est cette organisation publique de plus en plus poussée qui permet à l’autonomie personnelle de s’étendre de plus en plus. Quoique moins présent aux consciences que naguère, le cadre national est indispensable à cette autonomie. Autant que par le passé, la liberté individuelle dépend de la liberté et de la prospérité collectives. La crise contemporaine de la démocratie résulte de la difficulté à articuler la prise de décision collective, la protection sociale et l’aspiration à l’autonomie personnelle. Elle se développe sur fond de lutte des classes pour le partage de la richesse produite par la société, de lutte d’influence des grandes puissances, et d’efforts des multinationales pour dominer les États afin de réduire le peuple des citoyens à une foule de consommateurs.
Or ces trois mouvements, prise de conscience civique, institution de la solidarité collective, marche vers l’autonomie personnelle, se complètent au niveau national, à condition qu’existe une conscience nationale. Mais ils sont contradictoires en Belgique, où la prise de conscience nationale flamande a mis au grand jour une situation ancienne : il n’y a pas vraiment de Belges, mais des Flamands, des Wallons et des Bruxellois (et quelques Allemands). Sans conscience nationale, point de solidarité sociale. L’approfondissement de la démocratie ne peut alors que séparer les nationalités.
La Belgique se divise ainsi pour une raison positive : l’approfondissement des pratiques démocratiques.
Cette césure progressive cause un vrai désarroi aux Belges francophones. En effet, quoiqu’au XIXe siècle le prolétariat wallon ait été autant dominé économiquement, culturellement et linguistiquement que le prolétariat flamand, et sans doute plus durement exploité, la proximité des dialectes picards ou wallons et du français, ainsi que l’ancienneté de l’usage du français comme langue commune, ont fait qu’en quelques générations d’école obligatoire ces dialectes se sont presque éteints, comme les dialectes romans de France, et comme les dialectes flamands supplantés par le néerlandais. Et comme le français était, au XIXe siècle, la langue de la promotion sociale, la conscience nationale des Bruxellois et de la plupart des Wallons s’est identifiée à celle de la bourgeoisie francophone et s’est donc fixée au niveau de la Belgique, malgré une forte attirance du peuple vers la France qui se manifesta vivement après la deuxième guerre mondiale. Au contraire, la conscience nationale des Flamands s’est constituée au XXe siècle, en opposition aux Francophones, et au niveau de la Flandre.
Cependant la Belgique n'existe que par le pays flamand, c’est lui qui distingue la Belgique de la France. Sans lui, sans les Flamands s’ils proclamaient leur indépendance, Bruxellois et Wallons n’auraient plus de patrie, et il n’est guère vraisemblable qu’une conscience nationale wallo-bruxelloise apparaisse soudain. Le seul sentiment d’appartenance des Belges francophones serait l'appartenance à la culture française, dont la capitale est depuis toujours Paris, là où vont les artistes en quête de reconnaissance, là où les couples vont en amoureux. Ce sentiment d’appartenance les orienterait vers le pays dont ils sont depuis longtemps le plus proches : la France.
Incidemment, un parallèle net apparaît entre la Belgique du XIXe siècle et l’Union Européenne du XXIe. L’un des moyens que les classes dominantes utilisent pour perpétuer leur domination, éloigner le peuple du pouvoir et se réserver les prébendes, est d’employer une langue internationale, différente de celles des classes dominées. Du fait des soubresauts du XXe siècle, c’est à présent l’anglais et non plus le français que les dominants promeuvent, mais le principe reste inchangé (le français a perdu de son intérêt pour les classes dominantes françaises depuis que, grâce à la généralisation de l’enseignement, tout le peuple français le parle). La pipolisation de la politique, par l’aristocratisme ou le vedettariat, est un autre moyen. Les classes dominantes s’écartent ainsi du peuple afin de contribuer le moins possible à la solidarité sociale, tout en profitant plus que tout autre groupe social des infrastructures collectives : moyens de transports, enseignement, culture, équipement médical. Et elles entretiennent, entre elles et avec leurs homologues d’autres pays, des rapports de complicité, de mimétisme et de rivalité. Exalter la liberté individuelle sert à masquer le fait que cette liberté, bien effective, est permise par la captation d’une part léonine de la richesse produite par toute la société, grâce au contrôle de l’État, de l’économie, et surtout des positions tertiaires d’intermédiaires entre production et consommation.
Néanmoins, malgré des régressions temporaires, la démocratie politique et la solidarité collective progressent et contrarient ces efforts de domination. C’est pourquoi l’Union Européenne, telle que les classes dominantes la veulent, libre-échangiste, bureaucratique, fédérale, anti-démocratique, anti-nationale, anglophone, atlantiste, soumise à la finance internationale et favorisant les rentiers, ne pourra durer. Les traités organisant la coopération en Europe devront être réformés radicalement.