Leterme sauve sa peau... pour l'instant
La fin approche-t-elle pour Yves Leterme alors que de plus en plus d'éléments font état de pression sur la justice de la part de l'entourage du Premier ministre? Le monde politique réagit vivement à ces éléments graves. Le kern estime toutefois que le Premier ministre peut conserver son poste.
Contre toute attente, les représentants des partis francophones et du CD&V au gouvernement ont estimé jeudi à l'issue d'un Conseil des ministres restreint que le gouvernement pouvait continuer à fonctionner avec Yves Leterme à sa tête. Le Premier Mmstre a répondu aux questions de ses vice-Premiers ministres ce matin en Conseil restreint. Ceux-ci ont regretté ne pas avoir été mis au courant plus tôt des initiatives prises par le Premier ministre dans ce dossier.
«Nous avons exprimé notre colère», a indiqué Joëlle Milquet (cdH). «Nous n'étions au courant de rien, je voulais des explications plus précises», a soulevé Laurette Onkelinx. Selon les deux vice-Premières ministre, Yves Leterme «a plaidé sa bonne foi», rappelant son attachement à la séparation des pouvoirs et estimant que la vérité devait avoir ses droits.
«Nous pouvons continuer à travailler, sachant qu'en parallèle sera mise en place une Commission d'enquête parlementaire», a indiqué Laurette Onkelinx à la suite de sa collègue cdH. «On continue avec le gouvernement et M. Leterme, a indiqué Didier Reynders. Nous sommes à disposition du parlement pour répondre aux questions».
Ce retour au calme (temporaire ?) fait suite à un défilé de réactions politiques depuis hier. Le monde politique se déchaîne depuis hier soir.
Jean-Marc Nollet : «Leterme n'a plus de crédit»
Hier soir, le parti Ecolo déposait une motion de méfiance à l'encontre du Premier ministre. Ce matin, Jean-Marc Nollet le chef de groupe Ecolo à la chambre réagissait au micro de Bel RTL et demandait la démission d'Yves Leterme.
«Même si aujourd'hui, nous n'en avons pas encore les preuves, les éléments en nombre et en qualité sont suffisants pour dire qu'il y a un énorme problème. Je pense que le Premier ministre n'a pas d'autre solution que de considérer que les éléments qui s'accumulent sont là pour réclamer sa démission. (...) Yves Leterme n'a plus la confiance suffisante pour mener à bien un pays. Nous traversons une situation économique et sociale très délicate et difficile. Je pense qu'il n'a plus le crédit pour mener les négociations, que ce soit avec BNP Paribas, ou aussi avec les différents autres acteurs du dossier Fortis.»
Hier soir, le ministre des Finances, Didier Reynders, se déclarait étonné de la lettre envoyée par Yves Leterme à son collègue de la justice et semblait ne le soutenir que timidement dans ses explications. «Je n'ai pas de raison de les mettre en doute. Maintenant, il y a beaucoup de réactions du parquet, de la magistrature, nous verrons...», avait-t-il déclaré soulignant l'intérêt primordial d'oeuvrer à «répondre aux problèmes de la crise économique.»
Le chef de groupe PS à la chambre, Thierry Giet, a sur foi des éléments apportés par le Premier ministre épinglé les "comportements de magistrats ou de proches de magistrats en opposition avec la déontologie, voire la loi". Il a parlé de faits "particulièrement graves", eu égard au respect de la séparation des pouvoirs. M. Giet s'est dit satisfait de la mise sur pied d'une Commission d'enquête que le PS appelle de ses voeux depuis des mois.
Du côté flamand aussi, les réactions fusent. Hier soir déjà, le chef de groupe du Vlaams Belang à la chambre introduisait une plainte contre le Premier ministre, la juge à la cour d'appel de Bruxelles, Christine Schuermans, et son époux Jan De Groof étiqueté CD&V. Cette plainte a été déposée près la cour d'appel de Bruxelles, «dans le cadre de la violation incorrecte et jamais vue du principe de la séparation des pouvoirs.»
Le parti de l'opposition Groen! trouve la démarche (la lettre d'hier) d'Yves Leterme particulièrement choquante et constate qu'il est «clair qu'il y a eu des contacts entre le chef de cabinet de Leterme et la juge à la cour d'appel». Le parti écologiste flamand réclamait, dès hier soir, la démission immédiate du Premier ministre.
L'Open Vld, quant à lui, s'est montré plus modéré dans sa réaction. S'il se dit particulièrement préoccupé, le parti dit attendre le débat avant de se prononcer sur la confiance au Premier ministre.
Enfin, ce midi, les socialistes flamands (le sp.a) à la Chambre ont réclamé un gouvernement transitoire sans Yves Leterme à sa tête, afin de résoudre au plus vite le dossier Fortis, et des élections législatives en juin. «Le sauvetage de Fortis et les intérêts de ses 2,5 millions d'épargnants, 25.000 employés et actionnaires est la priorité absolue du sp.a», affirme le chef de groupe sp.a à la Chambre, Peter Vanvelthoven.
C.C. avec Belga