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Musée de la mondialisation - Visite en 10 tableaux
Musée de la mondialisation - Visite en 10 tableaux
1er tableau : Il y a un an le Premier Ministre François Fillon se risquait à confier devant des journalistes que la France était en faillite et en déficit chronique. Mal lui en prit et le Président de la République le tança vigoureusement. Et de donner des ordres stricts à ses Ministres pour que le budget 2008 ne soit SURTOUT pas associé au mot honni de « rigueur ». Euphémisme. Un an après, faillite et rigueur sont éclipsés par « krach », « crise », et « récession » !!!
2e tableau : les députés français ont entamé aujourd’hui des débats sur le budget 2009 au sujet duquel le Premier Ministre et Bercy reconnaissent officiellement qu’il est inadapté aux circonstances et qu’il subira immanquablement des amendements ultérieurs en fonction des difficultés rencontrées. Mais les Députés français réunis en session discutent et commentent un budget reconnu d’avance obsolète. Comme si de rien n’était, comme dirait Carla…
3e tableau : A Camp David, Sarkozy et Barroso ont rencontré le Président américain qui a finalement accepté l’idée du Président français d’organiser plusieurs sommets consacrés à « réformer » la mondialisation financière. Sarkozy s’est rengorgé d’avoir atteint son but. Barroso a été, quant à lui, beaucoup plus prudent sur la question. Et pour cause, il sait que les agitations ne dureront qu’un temps et que les réalités succèderont aux beaux discours. Parmi elles, le fait que Bush vit ses dernières semaines de mandat et que sa parole ne vaut plus rien.
4e tableau : En août dernier, le Ministre de l’Economie et du Budget, Madame Lagarde démentait tout risque de récession ; le 21 septembre, elle déclarait encore « le gros risque systémique est derrière nous ; La crise financière se termine ». Et d’ajouter dans La Tribune « je ne peux pas imaginer que la France dépasse à nouveau la barre des 3% du PIB du déficit public autorisée par Bruxelles ». Aujourd’hui, Madame Lagarde annonce que la croissance sera inférieure à 1% (au lieu des 1,7% prévus) et que le déficit en 2009 risque d’atteindre 3%.
5e tableau : Le 23 septembre dernier, Nicolas Sarkozy a reçu à New York le Prix mondial de l’Homme d’Etat 2008 décerné par la Fondation Appel à la Conscience, des mains du Rabbin Schneier et Elie Wiesel. Serge Dassault présidait le dîner de gala et Henry Kissinger se chargeait de présenter le récipiendaire. Ce fut l’occasion pour le Président français de fustiger à nouveau les responsables de la crise, d’exiger des sanctions et de prôner la moralisation du capitalisme. L’un des sponsors de la soirée était la banque Lehman brothers…
6e tableau : Après le limogeage en 2005 de William Donaldson, patron du SEC le gendarme des marchés financiers américains, jugé trop protecteur des consommateurs et épargnants, le Secrétaire US au Trésor Henry Paulson, ancien patron de la Banque Goldman Sachs, s’était attelé en 2007 à la restructuration des réglementations et autorités financières US. En pleine crise des prêts immobiliers et en pleine récession, Paulson voulait en fait desserrer les normes strictes mises en place après le scandale « Enron » et placer ses amis ultra- libéraux à tous les postes-clé. Ce qui fut fait. On connaît la suite. Le Plan US 2008 est entre de bonnes mains…
7e tableau : La France a déjà une dette de 1250 milliards d’Euros, et alors que l’on parle d’un déficit de la Sécurité sociale évalué à 12 milliards d’Euros pour 2007 et qu’il nous faudrait économiser 80 milliards d’Euros d’ici à 2012 avec une croissance de 2,5% (!!!) pour tenir nos engagements à l’égard de Bruxelles, Sarkozy et son Gouvernement octroient aux banques françaises une ouverture de crédit de 350 milliards d’Euros en cas de « problême », comme si l’Etat devenait lui-même la Banque d’une roulette géante de casino. En somme, pour que les Français ne soient pas ruinés, il faut impérativement que personne ne perde autour de la table durant une période indéterminée. En réplique à une crise financière largement provoquée par les flux d’argent virtuel, l’Etat répond par la mise d’une somme toute aussi virtuelle puisque non gagée, voire ingageable. L’économiste de gauche Elie Cohen justifie cette initiative comme prioritaire sur toute autre affectation budgétaire en cas de crise. Il oublie de préciser quels seront les secteurs sacrifiés.
8e tableau : C’est en 2006, à l’heure où les USA entraient en récession (déficit annuel de sa balance des paiements de 500 milliards $ et une dette extérieure de près de 8 000 milliards $) que Chirac et son Gouvernement livrèrent à la bourse de Wall Street et au New York Stock Exchange (NYSE) la Bourse de Paris et son Euronext. Avec papier cadeau. Livrer de la sorte notre souveraineté financière à un Système déjà notoirement vérolé, avec tous les risques de « dominos » évidents, relève de ces responsabilités gravissimes que dénonce aussi et sans doute parmi d’autres folies le Président de la République, membre du Gouvernement d’alors et ancien Ministre de l’Economie et du Budget de Chirac…
9e tableau : Serge July, ancien rédacteur en chef de Libération, a déclaré le 18 octobre qu’il voyait en Sarkozy un « Colbert bonapartiste et gaullien absolument irrésistible » et de saluer à chaque éditorial sur RTL les succès diplomatiques et le volontarisme du Président français pour remettre sur pieds l’Union européenne. Et de fanfaronner que le concept de Nation n’avait plus aucun sens face à la crise qui exigeait une riposte commune. Une gouvernance économique mondiale est même requise pour harmoniser les flux financiers. Et en attendant le pouvoir planétaire, le nouveau Colbert a suggéré que ce soit le FMI qui remette de l’ordre dans les échanges histoire de confier à un Français la moralisation du système. Bravo DSK !
10e tableau : Sarkozy a réagi avec deux semaines de retard à la crise financière mais il s’est rattrapé, du moins en paroles et agitations variées de sommets en sommets. Il a presque réussi aux yeux des gogos et des bobos à passer pour un « rénovateur » du capitalisme et un Monsieur Propre. C’est dire l’amnésie et l’imbécillité qui frappent ces électorats. Les discours moralisateurs n’engagent que ceux à qui ils sont faits, au point d’inclure dans le plan (anglais) de soutien aux banques les 285 millions d’Euros consentis par un aréopage sur mesure pour se concilier les faveurs de Bernard Tapie et des votes des « impayables » radicaux de Gauche au Congrès de Versailles ? Un plan pour sauver les banques après avoir désavoué le Crédit Lyonnais pour raison partisane d’Etat, il fallait le faire ! Dont 45 millions d’Euros à titre de préjudice « moral » (sic) pour Tapie, le tout payé par les Français, dont les bobos et les gogos… On pensait avoir touché le fond avec Chirac mais Sarkozy creuse encore
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