• Surréalisme politique (Belgique, France, ailleurs, partout pareil...)

    Surréalisme politique belge.

    jeudi 22 janvier 2009, par Pascal de Roubaix

    La Chambre des représentants institue une commission en vue de vérifier si certains agissements du pouvoir exécutif, et plus précisément du Premier Ministre, n’auraient pas, oh malheur ! oh scandale ! porté atteinte à la séparation des pouvoirs.
    Je n’en crois pas mes oreilles, et je ne sais si je dois en mourir de rire ou de honte.




    Quoi ? Cela fait plus de 25 ans que notre régime de Monarchie constitutionnelle glisse vers une oligarchie particratique aujourd’hui devenue héréditaire, qui préserve juste les rites de la démocratie comme d’autres font du façadisme, et ils vont rassembler une commission de parlementaires pour étudier un éventuel cas d’atteinte à la séparation des pouvoirs ?!
    Mais c’est à peu près aussi crédible que si une commission de pratiquantes du trottoir se réunissait pour étudier un cas éventuel d’atteinte à la virginité de l’une d’elles, comme si les cartels de la drogue se réunissaient pour dénoncer celui d’entre eux qui aurait touché à un pétard.
    C’est proprement ahurissant, et pas un journaliste ne semble avoir la moindre intention de relever ce qui est quand même, à moins que je ne fasse un cauchemar, un sommet jamais atteint dans l’hypocrisie politicienne. 
     
    Samedi matin, à la conférence de presse de LiDé une question fut posée par un excellent ami (que je remercie ici). Quelle est la clef de voûte, demandait-il en substance, qui doit être trouvée pour remettre notre système d’aplomb ?
    Je lui ai répondu qu’au vu de l’évolution de ces dernières années, incontestablement, c’est au phénomène de cette oligarchie des dirigeants de partis et de leur entourage, que nous devons nous attaquer d’urgence. Déjà les rouages sont lourdement grippés et l’oligarchie, après s’être précisée, est en train de se cristalliser irréversiblement.
     
     
    Lors d’un court face à face à la télévision avec le toujours jovial Philippe Moureaux, Rudy Aernoudt expliquait que le clientélisme politique sévissait d’autant plus que les communes étaient socialistes. Ceci lui valu d’être traité de menteur par le parrain du socialisme bruxellois. Et d’expliquer qu’il venait de concevoir un nouveau système de nomination qui rendrait toute politisation dorénavant impossible. Si vous prêtez une seconde d’attention à ces mâles propos, vous comprenez qu’après avoir été au pouvoir pendant 30 ans, le seul argument du grand ami du peuple multiculturel consiste à promettre qu’à l’avenir les choses seront différentes. Quel aveu ! Cela signifie tout simplement qu’il reconnaît implicitement que, jusqu’à ce jour et durant toute sa carrière politique, le clientélisme fonctionnait parfaitement.
    Sur la mentalité de ce grand homme parfaitement probe, j’ai encore deux anecdotes vécues.
    L’une date de 1981 quand, alors Ministre de la justice, avant l’arrivée de Martens Gol, il avait nommé le futur député UDRT Thomas Delahaye avocat à la cour de cassation. Il nous raconta avec force rire, peu de temps après notre élection, qu’il avait nommé Delahaye non pour ses qualités mais pour la simple raison qu’il n’y avait que deux autres candidats possibles, un libéral et un catholique. En l’absence de socialiste il avait préféré l’UDRT rien que pour faire enrager les concurrents. Et notre réaction consternée lui sembla manifestement désopilante.
    Enfin, quelques années plus tard je me souviens d’avoir assisté à une sortie véhémente de sa part contre le fait que la magistrature était truffée de cathos, ces malodorants produits de l’université de Louvain. Il fallait de toute urgence que sortent des trains de nominations de magistrats sans Dieu « afin de rétablir l’équilibre ». Encore une preuve s’il en fallait que pour M. Moureau la compétence et le Bien Commun passent après l’appartenance politique ou philosophique et que cette appartenance justifie à elle seule une nomination.
     
    Mais ceci ne sont que des exemples, personnalisés par un des promoteurs de ce nouveau régime, de la totale confusion des pouvoirs qui se concentrent aujourd’hui ouvertement dans les mains des présidents de partis (qui ne sont pas élus par le peuple que je sache) eux qui nomment « leurs » ministres, « leurs » hauts fonctionnaires, « leurs » généraux, « leurs » magistrats etc., qui établissent « leurs » listes électorales, qui font déposer « leurs » projets de loi et qui font voter « leurs » parlementaires. Le tout culmine incontestablement dans les énormes subsides qu’ils se sont fait voter pour « leurs » partis où ils échappent à tout contrôle en toute légalité.
    Ce n’est plus une exception à la séparation des pouvoirs dont il s’agit, c’est purement et simplement le retour d’une société où de nouveaux privilèges couvrent le pouvoir d’une oligarchie particratique sans pudeur, qui n’a plus de démocratique que la façade.
     
    En ayant ces éléments devant les yeux, je suppose que vous comprenez mieux pourquoi LiDé et Rudy Aernoudt dérangent, pourquoi il faut le traiter de populiste quand ce n’est pas de menteur.


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