• Les bonnes nouvelles du budget en 2009

    Cela n'a pas occupé la Une des journaux mais le fait que la Belgique dispose enfin d'un budget pour 2009 est une excellente chose. Sans cela, et sans évidemment la nomination d'un nouveau Premier ministre, nous serions tous obligés de vivre sous le régime des douzièmes provisoires.

    Cette vieille technique budgétaire, utilisée lorsqu'il n'y a pas de gouvernement, consiste à engager malgré tout des dépenses au niveau de l'Etat fédéral. Attention : ces dépenses ne doivent pas dépasser - chaque mois - le douzième du budget annuel de l'année précédente. Donc, si nous étions restés avec ce système des douzièmes provisoires, des mesures aussi importantes en période de froid que les aides à l'achat de gaz et de mazout auraient été impossibles. Il en va de même pour la petite hausse des pensions et la revalorisation des allocations familiales, deux autres mesures qui sont entrées en vigueur ce 1er janvier.

    L'autre raison pour laquelle il faut se réjouir d'avoir enfin un budget, c'est ce qu'il comporte des mesures en faveur de notre pouvoir d'achat. Notamment l'indexation des barèmes fiscaux de 3 %, une mesure importante car, grâce à l'indexation automatique des salaires, les Belges passent parfois dans une tranche d'imposition supérieure : le bienfait qu'ils auraient reçu d'une main leur serait donc enlevé de l'autre, puisqu'en passant dans un barème supérieur, ils passent également à un taux d'imposition supérieur. Pour éviter cela, les barèmes fiscaux - ou, si vous voulez, les tranches fiscales - ont été augmentées de 3 %. Là encore, c'est une très bonne nouvelle.

    Tout cela a bien sûr un coût puisque, comme vous le savez, en économie, il n'y a pas de repas gratuit. Ce coût est déjà chiffré : c'est le déficit de l'Etat fédéral, qui sera de 0,9 % pour l'année 2008. C'est donc un trou compris entre 3 milliards et 3,5 milliards d'euros. Ce déficit sera certainement encore plus élevé pour 2009 - et c'est normal ! Avec le ralentissement de l'économie, l'Etat engrange moins de recettes. N'oubliez pas qu'en 2008, on a enregistré 22 faillites par jour, ni que, quand vous dépensez moins dans les magasins, moins de TVA rentre dans les caisses de l'Etat. On parle ainsi d'une baisse de la TVA de 300 millions d'euros.

    Bref, ajoutez ce trou à celui de 2009, et vous obtenez une dette publique équivalente à 87 % de notre PIB (la richesse nationale créée chaque année par notre pays). Soyons juste, cependant : si l'on ne tenait pas compte de l'argent donné aux banques pour qu'elles ne fassent pas faillite, notre dette publique ne serait que de 81 %. C'était sans doute le prix à payer pour éviter un drame encore plus grand.

    Source : Trends.be

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  • Le fiasco du “wiwisme”


    Tout ce que les europhiles décrivent comme bénéficiaires de la globalisation moderne et composants nécessaires du progrès – l’industrie, les affaires, les voyages, la technologie, la science, l’art – est l’apanage de la chape de nantis qui coiffe la société. Le charbon et l’acier appartiennent aux grands producteurs, les affaires se mènent entre compagnies géantes, l’euro facilite les déplacements si l’on a l’argent pour voyager, la science et la technologie sont réservées à ceux qui peuvent s’en servir, même l’art se limite à une fraction de privilégiés doués de talent. Certes, on peut admettre que c’est cette avant-garde qui entraîne les peuples vers un monde meilleur, mais pour le moment, il faut reconnaître qu’elle n’a pas réussi à se faire suivre sur le chemin du bonheur.



    Le fiasco du “wiwisme”


    par Louis Dalmas*

    Une des plus étonnantes campagnes orchestrées par l’élite a été celle du “oui” au référendum sur la constitution européenne. Au sommet de l’unanimité et de la virulence, elle a reproduit le raz de marée médiatique des lynchages d’inspiration militaire.

    Mêmes procédés, même acharnement, même mauvaise foi.

    Noircir l’adversaire d’abord. Les tenants du “non” ont été gratifiés d’une anthologie homérique de qualificatifs. Populistes, démagogues, xénophobes, masochistes, ringards, artisans du pire, chauvins, nihilistes, trouillards, isolationnistes, sournois avocats du dirigisme, gens de peu de foi, extrémistes de droite ou de gauche, émules d’Asterix : tout y est passé. Ne manquait que l’accusation d’être serbes et d’être manipulés par Milosevic. Un récital où l’homogénéité de l’élite s’est étalée au grand jour, dans l’insulte et le sarcasme. Du chef de l’Etat au comédien interviewé à la télévision, du ministre au champion sportif, en passant par l’économiste, le sociologue, le littérateur, l’artiste et le spécialiste de n’importe quoi, tout ce que la France compte de notables y a été de son couplet : le “non” ne pouvait être défendu que par les pires déchets de la société, comme l’avait été toute velléité de faire la lumière sur les Balkans.

    Accumuler les mensonges, ensuite. Un catalogue d’affirmations burlesques. Le “non” était le cataclysme, le retour à l’âge de pierre, la méconnaissance de l’évolution du monde et le crash de la civilisation. Il ferait le jeu de Bush, anéantirait tout espoir de résister à l’Amérique ou inversement trahirait l’alliance atlantique, sonnerait le glas de l’Europe, isolerait la France, ridiculiserait notre diplomatie, provoquerait un séisme économique, compromettrait l’avenir de vingt pays, interdirait tout progrès social, bref ferait sombrer le continent dans les ténèbres de la stagnation et de l’anarchie. Tout cela s’est avéré faux, aussi faux que ce qui avait été claironné sur la Yougoslavie ou sur l’Irak.

    Ne tenir aucun compte de la vérité, enfin. Le ballon du bourrage de crâne ayant éclaté, personne n’avoue l’avoir gonflé, personne ne se demande s’il s’est trompé. Chirac remplace un gouvernement de caricatures par une caricature de gouvernement. Impavide, l’élite encaisse le rejet de sa conception européenne comme elle a encaissé le désastre de sa guerre dans les Balkans (et comme Bush encaisse la catastrophe irakienne), sans le moindre doute, sans le moindre remords, sans mettre en question un instant la justesse de sa politique.

    Le parallélisme est frappant, avec une différence de taille cependant. Cette fois-ci, la base s’est réveillée. Pour la première fois depuis longtemps, l’élite a été secouée par un tremblement de terre : son travail de conditionnement de l’opinion publique a été un échec. Pire même, le peuple le lui a renvoyé dans la figure par un camouflet aussi brutal qu’inattendu. Un “non” catégorique et général, toutes appartenances politiques confondues, en majorité chez les jeunes, les travailleurs et les défavorisés. Un réveil des dominés et une déroute des dominants. La foudre fracassant le centre de l’Elysée n’aurait pas fait plus d’effet.

    Le choc a été tel qu’il est intéressant d’en analyser les raisons.

    Dans l’affaire yougoslave, (...) les pauvres Serbes, n’ayant pas de pétrole et pratiquant une religion orthodoxe plus discrète que le catholicisme ou l’islam, étaient une proie facile pour la propagande et l’agression. Personne en France, à part les familles des quelques militaires sur le terrain et une poignée de nostalgiques de l’amitié franco-serbe, n’était directement intéressé par les événements balkaniques, qui paraissaient à la fois incompréhensibles et sans grande portée. Le champ était libre pour un bourrage de crâne effleurant une masse indifférente, donc crédule, car on avale facilement de qu’on vous raconte quand on ne s’y intéresse pas.

    Les affaires afghane et irakienne ont provoqué les premiers ratés de la mécanique parce que mettant en cause la religion de près de cinq millions de fidèles français. Cette fois-ci, une partie importante du peuple était touché. Et comme les grandes compagnies pétrolières s’inquiétaient de voir compromettre leurs intérêts régionaux, une conjonction s’est opérée entre une fraction de l’élite et l’ensemble populaire concerné. Des réactions d’incrédulité et de rejet, alimentées par l’arrogance américaine, ont trouvé un écho jusque dans les hautes sphères, et une velléité d’indépendance s’est esquissée à la tête de l’Etat.

    L’affaire du référendum a cristallisé l’opposition, parce qu’à la différence des deux précédentes expériences, c’est pratiquement le peuple entier qui a senti une menace planer sur ses conditions de vie. Il ne s’agissait plus d’inconnus balkaniques ou de corréligionnaires lointains, mais de l’avenir quotidien, ici, sur place.

    Tout d’un coup, le baratin de l’élite est apparu pour ce qu’il était : un salmigondis de promesses creuses et d’engagements imprécis. Des volontaires ont fouillé les textes, des militants ont organisé des discussions. Aussi bien à droite qu’à gauche, les couches de la société jusqu’alors endormies dans le brouillard publicitaire de leurs dirigeants ont mis les tirades officielles à l’épreuve et pris conscience de la duperie. Ce qu’elles avaient ignoré lors de l’agression de la Yougoslavie et vaguement pressenti lors de la guerre à l’Irak – à savoir que l’élite les entraînait à l’aveuglette en les gavant de mensonges – a éclaté au grand jour à propos de l’Europe, parce que cette fois elles étaient directement concernées. Mais concernées par quoi ?

    Avant de réaliser qu’ils ne pouvaient échapper à cette question cruciale, nos oracles “wiwistes” ont surenchéri dans les invectives de dépit.

    Leur thème principal a été le “patchwork hétéroclite” de ceux qui les ont contrés. En politique étrangère, le “non” français était différent du “non” hollandais, et n’avait rien de commun avec la réticence anglaise, un conflit rageur ayant même éclaté entre Londres et Paris à propos du budget communautaire et de la politique agricole. D’autres “non”, s’ils survenaient, divergeraient sur les raisons du refus. En face, la majorité du “oui” était écrasante. Résultat, la France se retrouvait seule, traînant misérablement à la queue de la modernité. En politique intérieure, les “wiwistes” se sont gaussés des compagnonnages contre nature. Selon eux, il était comique de voir Villiers acoquiné à Buffet ou Besancenot, Fabius et Chevènement faire chorus avec Le Pen, les altermondialistes frayer avec les fanas de la souveraineté. Conclusion : personne n’avalerait un brouet où on sucrait les sardines en salant les fruits et où se mélangeaient chevaux, alouettes, carpes et lapins.

    On pourrait répondre qu’en d’autres temps, Tito avait pris avec Nehru la tête d’un Tiers monde encore plus hétéroclite et de Gaulle était sorti de l’OTAN au sommet de son prestige international. Mais grandeur et indépendance ne font plus partie du vocabulaire de nos politiciens. On pourrait aussi observer que si le “non” a surgi spontanément chez tant de gens différents, muets jusque là dans les profondeurs du pays (1), c’est qu’il était amplement justifié. Quant à la rigolade, il était encore beaucoup plus comique de voir à la télévision les têtes de nos géniaux stratèges s’extirpant avec peine de la mélasse de leur défaite. Une galerie de guignols dans la déconfiture…

    Un comble de grotesque a été atteint au cours d’une conférence de presse le 16 juin où le trio de pitres bien connu – Jean-Claude Juncker, président de l’Union européenne ; José-Manuel Barroso, président de la Commission européenne ; Josep Borrell, leader du parlement européen – a doctement expliqué que ni eux, ni les auteurs de la constitution n’étaient à blâmer pour l’échec du “oui” en France et en Hollande, mais que le coupable était le public européen qui “n’avait pas vraiment rejeté la constitution, mais seulement ne l’avait pas comprise”.(2) 

    Bon. Ne polémiquons pas.

    Cherchons plutôt ce qui a motivé ce spectaculaire discrédit de l’élite. Il est dû, en grande partie, à deux faiblesses de nos dirigeants : leur déréalisation et leur impatience.

    Par déréalisation, il faut entendre la perte de contact avec le réel. Sur le plan économique d’abord. L’élite, droite et gauche confondues, s’est confiée ou résignée au capitalisme libéral. Un système dont il n’est pas besoin d’être un expert pour voir le vice, dans une équation qui relève du bon sens. Le but est le profit. Pour accroître les bénéfices, il faut dépenser moins. Pour diminuer les coûts, il faut perfectionner la technologie. L’amélioration technique nécessite moins de personnel. La réduction des effectifs permet des économies. Les économies assurent le profit. On vire donc les gens dont on n’a plus besoin.

    Les analyses savantes ne changent rien à la simplicité de ce processus. On peut l’amender par des reclassements, le diluer dans les délocalisations, le retarder par la conquête de nouveaux marchés ou le recrutement nécessité par les techniques nouvelles, il reste le fondement du capitalisme libéral dont le chômage est la sécrétion naturelle et inévitable. Les palliatifs gouvernementaux sont des soulagements précaires. Ils sont au chômage ce que la charité est à la misère : des aphrodisiaques administrés à un patient dans le coma. L’excitant le fera peut-être sursauter, mais il n’entrera en convalescence que si l’on traite la racine de son état. En l’occurrence, le système économique dont le chômage est le résultat.

    Or, la conception de l’Europe proposée au bon peuple est fondée sur ce système de libre échange et de concurrence débridés, radicalisé dans sa sauvagerie sans bornes par la pression américaine.

    L’élite n’a pas compris que l’équation simple ci-dessus était à la portée de tout un chacun, que toute privatisation mettait des salariés sur le pavé, et que tout le monde s’en rendait compte. L’Europe a beau être présentée comme une alléchante perspective, elle reste pour le moment, aux yeux des masses, une construction de riches, dont les retombées pratiques, au ras de l’existence quotidienne, sont loin d’être une amélioration de leurs conditions de vie.

    La méconnaissance des besoins sociaux n’est pas le seul élément de la déréalisation des dirigeants.

    Ils ont aussi oublié le patriotisme.

    Dans les profondeurs populaires, à la recherche de la sécurité économique s’ajoute l’attachement à l’identité. Nous avons vu la force des pulsions nationalistes dans les irrédentismes régionaux, les guerres civiles qui ont déchiré la Yougoslavie, la structure de certains terrorismes, les revendications minoritaires ou les résistances aux occupations militaires. L’Europe est une mosaïque d’histoires, de cultures et de peuplements différents. Chaque entité reste imprégnée par son identité nationale, qui n’est pas celle des autres et qu’elle est loin d’avoir renoncé à défendre. Il suffit de voir les explosions chauvines en matière de sport pour comprendre à quel point l’élite s’est fourvoyée en ignorant cette passion. Le souverainisme français témoigne de sa pérennité. Mais elle n’est pas une spécialité gauloise. Les autres gouvernements et parlements qui ont répondu “oui” à l’Europe se sont bien gardés de consulter leurs peuples : s’ils l’avaient fait, la réponse aurait sans doute été négative dans bien des cas, tant la construction européenne paraît se fonder sur la dilution d’un cadre national qui demeure un espace généralement aimé et respecté. 

    C’est précisément cette fermeture sur soi du nationalisme qu’il faut dépasser, objectent les europhiles, tout à leur volonté continentale. Le monde a évolué. Le temps n’est plus aux compartiments étanches, mais à la fusion à grande échelle. Le frileux isolement tient du passé, l’avenir est à l’ouverture internationale. L’industrie s’unifie, les affaires franchissent les frontières, les voyages n’ont pas de limites, la technologie est universelle, la science ne connaît pas de douanes, l’art est apprécié dans le monde entier. Si l’on veut avancer, il faut se débarrasser des entraves locales et faire litière des symboles périmés. La libre circulation est un must. C’est-à-dire la fluidité de l’argent, la mobilité du capital, le flexibilité du travail, la croissance des échanges entre les marchandises et de la communication entre les personnes. Plus rien ne se fait en vase clos. Les barrières volent en éclats, le progrès n’a pas de drapeau.

    Tout cela est vrai.

    Le but suprême étant l’harmonisation de l’humanité, il est logique d’y arriver en commençant par les continents. Malheureusement l’objectif n’a pas la pureté messianique de l’idéal.

    Il s’y mêle beaucoup de préoccupations stratégiques dans le genre rivalité de puissance, où l’on devine encore beaucoup d’intérêts nationaux : les partisans d’une Europe forte la voient capables de faire front à l’hégémonie américaine, d’endiguer les développements chinois, indien ou américain du sud, d’avoir son mot à dire dans la gestion de la planète, mais se demandent en même temps qui, de l’Allemagne, de la France ou du Royaume Uni, va mener le nouvel assemblage et comment l’euro va vaincre le dollar dans la conduite des bonnes affaires internationales. Des préoccupations fort éloignées de l’idéal internationaliste et humanitaire, et de toute façon très au-dessus des soucis du prolo lambda.

    Là aussi, on est dans la sphère des initiés. Cette Europe est celle des chancelleries, où se mijotent les concurrences. Mais ce n’est pas tout. Tout ce que les europhiles décrivent comme bénéficiaires de la globalisation moderne et composants nécessaires du progrès – l’industrie, les affaires, les voyages, la technologie, la science, l’art – est l’apanage de la chape de nantis qui coiffe la société. Le charbon et l’acier appartiennent aux grands producteurs, les affaires se mènent entre compagnies géantes, l’euro facilite les déplacements si l’on a l’argent pour voyager, la science et la technologie sont réservées à ceux qui peuvent s’en servir, même l’art se limite à une fraction de privilégiés doués de talent. Certes, on peut admettre que c’est cette avant-garde qui entraîne les peuples vers un monde meilleur, mais pour le moment, il faut reconnaître qu’elle n’a pas réussi à se faire suivre sur le chemin du bonheur. 

    J’ai dit “pour le moment”.

    Nous en arrivons à l’arbitre ultime : le temps. Et à la seconde faiblesse de nos dirigeants : leur impatience.

    Dans leur course à l’Europe, ils ont ignoré les nécessités sociales et ils ont sous-estimé le sentiment national, ce qui a creusé le fossé entre l’élite et le peuple (3). Mais ce qui a encore approfondi ce fossé, c’est la précipitation mise à la réalisation de leur programme. Ils voulaient l’Europe, sans doute avec raison à longue échéance, mais ils ont cherché trop vite à la construire.

    Mes deux adorables commentatrices ont rappelé qu’il y a une vingtaine d’années, dans un livre qui s’appelait “Le désordre et la patience”, j’ai esquissé la critique d’un des travers fondamentaux des réformistes en tous genres : leur illusion qu’une transformation durable de la société pouvait s’accomplir à l’échelle d’une génération. On comprend qu’ils veuillent voir le succès de leurs initiatives, et qu’ils imaginent que le volontarisme de leurs décisions suffit à les enraciner, mais le réel évolue avec une décourageante lenteur.

    La encore, l’exemple de la Yougoslavie est frappant à cet égard. Tito avait compris que pour en faire un grand pays à l’échelle mondiale, il fallait supprimer les antagonismes de ses constituants. Il a imaginé sa République fédérale qui devait réconcilier Slovènes, Croates, Serbes, Bosniaques, Monténégrins, catholiques, orthodoxes, musulmans, roms et la poussière de minorités qui relevaient de son autorité. La poigne de fer du communisme a permis pendant un certain temps de croire à la réussite du métissage. La mémoire des conflits antérieurs a été effacée, les adversaires ont appris à cohabiter, les mariages mixtes ont tissé de nouveaux liens. Mais il aurait fallu plusieurs générations pour cimenter l’édifice. A la mort du chef charismatique, les dissensions ont refait surface, et les grandes puissances qui les ont encouragées n’ont pas eu grand chose à faire pour les transformer en guerres civiles. La vie d’un homme s’est avérée trop courte pour consolider la soudure.

    On peut rappeler aussi qu’il a fallu deux siècles à l’Amérique, l’élimination de la biodiversité autochtone (les diverses tribus indiennes), plusieurs guerres et un féroce affrontement intérieur, pour se fédérer en Etats-Unis. Et que Bolivar, malgré l’atout d’unité de langue que ne possède même pas l’Europe et l’homogénéité de la conquête espagnole, n’a jamais réussi à unifier l’Amérique du Sud. Comment s’étonner qu’en à peine cinquante ans, une Europe de diplomates et de financiers, imposée à marches forcées par en haut sans consultation d’un kaléidoscope de peuples différents, ne soit encore qu’une charpente fragile que le moindre coup de tabac fait chanceler ?

    La patience a manqué aux europhiles.

    Pourtant un peu plus de prudence, et un peu plus d’attention portée aux intérêts et aux sentiments populaires, auraient sans doute consolidé des étapes successives qui n’étaient pas en soi dénuées d’intérêt. En rappeler les principales met en évidence le tempo trop rapide de leur succession.

    L’idée européenne se matérialise au lendemain de la Seconde guerre mondiale, dans six pays se relevant à peine des ravages militaires : la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, la Hollande et le Luxembourg. Il est amusant de rappeler au passage que les deux hommes à l’origine de l’aventure – Jean Monnet et Robert Schuman – étaient en grande partie de formation anglo-saxonne et allemande. Jean Monnet a dirigé une banque aux Etats-Unis puis a participé, en 1940, à une initiative sans suite de fusion des empires britannique et français. De 1940 à 1943, il a représenté l’Angleterre à Washington avant de rejoindre de Gaulle à Alger en 1943 et de devenir son commissaire général au Plan en 1946. Robert Schuman est né dans l’Alsace-Lorraine allemande et a fait ses études universitaires à Bonn, Munich et Berlin. Député de Metz redevenue française, c’est en tant que ministre des Affaires étrangères (de 1946 à 1956) qu’il a conçu avec Jean Monnet le projet européen.

    En 1951 naît, entre les six pays cités, la Communauté européenne du charbon et de l’acier (C.E.C.A.). L’affaire arrange les alliés en leur permettant de contrôler l’industrie lourde allemande et de lui interdire toute production militaire, et l’Allemagne en lui permettant de réintégrer de façon respectable la communauté internationale. Elle comporte la création d’une Haute autorité, d’un Conseil peu efficace représentant les six gouvernements, d’une Cour de justice destinée à surveiller l’application des règles du traité, et d’une assemblée dénuée de tout pouvoir. Une structure comme on le voit sans grandes racines démocratiques. Et, comme si la précipitation était déjà la tare du projet européen, ses partisans essuient un premier échec avec la Communauté européenne de défense (C.E.D.) que les gaullistes font refuser par l’assemblée nationale.

    Poussant les feux, et nullement découragés par ce faux pas, les europhiles alignent ensuite, sur moins d’un demi-siècle, la suite de décisions supranationales qui modèlent le continent actuel. En 1957, la Communauté économique européenne (C.E.E.) voit le jour avec le traité de Rome, ouvrant un marché commun à la libre concurrence. En 1972, l’Angleterre entre dans le marché commun ; en 1985, les accords de Schengen abattent les frontières. En 1992, l’euro fait son apparition avec le traité de Maastricht, suivi en 1997 par le traité d’Amsterdam et en 2001 par le traité de Nice. Pendant ce temps, les six pays d’origine passent à neuf avec l’Union européenne, puis à quinze, et en 2003 à vingt-cinq, avec la perspective de nouvelles adhésions. A chaque étape, la boursouflure bureaucratique augmente, l’inspiration capitaliste libérale se renforce, l’Europe – fabriquée exclusivement autour des tapis verts, en un temps historique rhédibitoirement bref et au mépris de la diversité de ses composantes – s’éloigne des peuples. Elle est désormais perçue au mieux comme un idéal compromis par l’impatience de ses apôtres, au pire comme une domination étrangère de riches et un corset de fonctionnaires aux antipodes de la réalité.


    Pourtant, elle disposait – et dispose encore – d’atouts pouvant être utilisés en sa faveur.

    Le principal est le mirage qu’elle représente aux yeux des Etats pauvres ou sortant du communisme. S’intégrer à l’Occident est participer à sa puissance, partager sa fortune, profiter de ses acquis, s’élever à son niveau de vie. Derrière l’Occident, il y a l’opulente Amérique, qui a toujours été le rêve des déshérités. On comprend qu’en Europe du centre ou de l’est, des gouvernements plus ou moins bien assurés recherchent la solidité d’une communauté atlantique sous la protection de l’OTAN, et que des peuples défavorisés, aspirant à un sort meilleur, s’imaginent qu’en adhérant à l’Union européenne, ils auront une part du gâteau de la civilisation, jouiront des bienfaits de la démocratie et respireront l’air de la liberté. C’est le sort meilleur qu’on leur fait miroiter tous les jours, et les bonnes paroles font aux démunis l’effet du verre d’eau offert aux assoiffés.

    Malheureusement, la réalité n’est pas à la hauteur de la fiction. Les lendemains qui déchantent commencent à soulever des problèmes. Dans les pays qui végétaient dans un dirigisme économique trop envahissant, l’explosion libérale a permis le pillage capitaliste des ressources nationales. Déjà l’Allemagne de l’Est a réalisé que la chute du Mur de Berlin n’avait pas comblé le décalage avec l’Allemagne de l’Ouest. La désillusion, alimentée par le chômage, la privatisation ou la braderie des entreprises, les “réformes” de rentabilité imposées par le FMI ou la Banque mondiale, les aléas de l‘unification monétaire, la mise aux normes militaires de l’OTAN et la croissance des inégalités, se propage à la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Pologne. Le président tchèque Vaclav Klaus ne cache pas son euroscepticisme. L’enthousiasme des gouvernements baltes n’est pas partagé par tous les citoyens. Tony Blair a prudemment abandonné l’idée de consulter les Anglais, prévoyant une nouvelle victoire des europhobes. Un ministre de Berlusconi a même demandé qu’on abandonne l’euro pour en revenir à la lire traditionnelle de l’Italie.


    Ce déraillement montre à quel point le train européen a été mal aiguillé.

    On a ajouté à une concentration économique outrancièrement capitaliste, la rhétorique militaire des efforts nécessaires d’armement, des forces de projection, de la défense commune et des interventions extérieures, pour finir par envisager un fédéralisme politique se substituant aux nations. Un parcours complet où l’on n’a négligé qu’une chose : les voyageurs. Alors qu’une progression mieux orientée et moins hâtive aurait pu s’appuyer sur le préjugé favorable accordé à l’unification continentale.

    Car tout le monde veut la coopération et la paix dans un espace ensanglanté pendant des siècles. Et des instruments existent qui peuvent y contribuer. Le Conseil de l’Europe, par exemple, crée en 1949, qui comprend aujourd’hui 46 Etats, y compris la Russie, et qui s’est doté d’un organe judiciaire : la Cour européenne des droits de l’homme (à ne pas confondre avec l’Union européenne et sa Cour de justice des communautés européennes, tous ces organismes siégeant à Strasbourg). Il y a aussi l’Organisation de la sécurité collective en Europe (OSCE), instaurée en 1994 pour faire respecter les accords d’Helsinki de 1975, ces derniers étant particulièrement intéressants parce que signés par les deux blocs avant la fin de la Guerre froide, et garantissant la concorde par le l’inviolabilité des frontières et le respect des souverainetés.

    Ces organismes jalonnent une voie plus acceptable que celle de l’atlantisme ou de l’OTAN, si l’on veut vraiment construire une Europe qui ne soit stratégiquement inféodée à personne : celle d’accords multilatéraux patiemment conclus entre Etats indépendants, qui habituent peu à peu les peuples, avec leur approbation, à collaborer. Aucune instance supranationale artificielle, plaquée administrativement sur la mosaïque, ne peut remplacer aujourd’hui la nation. Cela suppose une vue radicalement différente de l’Europe. Le prisme financier, industriel, diplomatique, militaire et politique, à travers lequel elle a été conçue jusqu’ici dans les sommets, doit être remplacé par un prisme social centré sur les problèmes de la base. Les europhiles – et à ces conditions nous en sommes tous – doivent sortir des bureaux et des cabinets pour se plonger dans la réalité, tenir compte de la nocivité du libéralisme et de la variété des cultures, rejeter les obligations du militarisme américain, et préparer lentement, par des liens spécifiques noués à tous les niveaux, la coopération entre Etats et la cohabitation entre citoyens qui forgera à longue échéance l’Europe de nos descendants. 


    *Louis Dalmas, journaliste et écrivain, a interviewé de nombreux chefs d’Etats et a dirigé pendant dix ans l’agence de reportages la plus importante du monde. Il est l’auteur de plusieurs livres dont l’un préfacé par Jean-Paul Sartre.

    Notes

    1. Cf. les abstentions croissantes aux diverses élections depuis une décennie, soudainement remplacées par une participation inattendue.
    2. International Herald Tribune, 18-19 juin 2005.
    3. Cette double lacune est illustrée par un sondage effectué par Libération, entre le 17 et le 25 juin 2005, auprès de jeunes de 18 à 30 ans. 87 % se prononcent pour une Europe “sociale”, 77 % se sentent “surtout” ou “seulement” français. Dans cette catégorie de la population, il y a eu 39 % d’abstentions et 55 % de votes “non”.


    Cet article est extrait de l'essai de Louis Dalmas : "Le crépuscule des élites", éditions Tatamis, 2008 (Préface de Roland Dumas), p.167

    Quatrième de couverture :

    La vie luxueuse des milliardaires, les fortunes brassées en bourse, l’univers clos de la haute finance et de l’autorité, la richesse des amateurs d’art ou les extravagances de la jet-set, autant de mirages qui font partie d’un autre monde. Le monde fastueux de l’argent, hors d’atteinte du commun des mortels. Il se confond avec le monde des abus, des injustices et du mensonge. Le monde grisant du pouvoir. Lui aussi fermé. Distant. Intouchable. Ce monde de l’argent et du pouvoir est celui des "élites" de notre société occidentale. Sa différence se creuse avec la réalité ordinaire. Le fossé s’approfondit entre les dominants et les dominés. Les gouvernants se sont éloignés de leurs gouvernés. En politique, leurs décisions ne reflètent plus la volonté des masses, leurs intérêts ne sont plus ceux du plus grand nombre. Pour se protéger, ils propagent une information faussée. Pour se justifier, ils imposent la pensée unique et réduisent au silence les voix discordantes. Cette profonde division inégalitaire est le thème de ce livre. Louis Dalmas l’évoque en analysant quelques grands problèmes de notre temps : l’hégémonie américaine, l’Europe, le terrorisme, la violence, la conception ethnique des groupes humains, le déclin de la justice, la dépendance des médias. Sa conclusion mérite réflexion. Coupé du concret, le couvercle des "élites" se fragilise : des explosions à venir s’annoncent, qui le feront peut-être sauter.

    L'ouvrage peut être commandé directement à CAP 8, BP 391, 75869 Paris cedex 18, chèque à l’ordre de "Vérité et Justice" ou par internet

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  • Les Islandais veulent négocier une adhésion à l'Union européenne

    Une large majorité d'Islandais sont favorables au lancement par leur pays de négociations d'adhésion à l'Union européenne, une question qui divise le gouvernement de coalition, selon un sondage rendu public samedi.

    Selon ce sondage réalisé par l'institut Capcent pour le quotidien Morgunbladid auprès d'un échantillon de 650 personnes, 65,5% des Islandais souhaitent l'ouverture de négociations d'adhésion contre 19,7% qui y sont opposés.

    "Nous n'avons pas besoin d'un référendum sur ce sujet", a déclaré Jon Steindor Valdimarsson, le patron de la Fédération des industries islandaises, qui soutient l'adhésion à l'UE. Cette semaine, le Premier ministre libéral Geir Haarde avait proposé une consultation populaire sur cette question.

    La ministre islandaise des Affaires étrangères Ingibjorg Solrun Gisladottir avait en revanche averti que son parti social-démocrate, pro-UE, quitterait la coalition bipartite si le parti de M. Haarde n'acceptait pas d'entamer d'ici à la fin janvier les démarches en vue d'une adhésion.

    Mme Gisladottir a déclaré samedi au Morgunbladid que tout référendum sur une candidature à l'UE devrait être organisé en même temps que des élections générales. Ce double scrutin pourrait, selon elle, être organisé dès avril ou mai 2009. M. Haarde, dont le pays a subi durement les conséquences de la crise financière, est farouchement opposé à des élections générales anticipées. Celles-ci doivent normalement avoir lieu en 2011. (belga/ca)


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  • L’Europe bascule lentement mais sûrement dans l’obscurantisme religieux et la communautarisation à outrance, dans tous les domaines. L’Union européenne elle-même est de plus en plus noyautée par les lobbys religieux. L’émission sur les religions par ARTE l’a récemment encore confirmé. Le président Sarkozy ne veut pas uniquement communautariser et théocratiser la France, mais l’Europe tout entière. C’est pourquoi il est aussi l’instigateur ou le promoteur, du colloque « Religions et puissance publique dans l’Union européenne » qui a eu lieu le 17.12.2008 à Paris, avec ses délégués des religions (prêtres, popes, pasteurs, rabbins et imams). Il a prononcé 14 fois le mot « Dieu » dans son discours, le 14.1.2008 devant le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite, ce pays musulman où les hommes sont décapités et les femmes abattues ou lapidées au nom d’Allah, conformément à la charia saoudienne. Benoît XVI est tellement fier du chanoine Sarkozy qu’il ne faudrait pas s’étonner qu’il en fasse le premier Français canonisé de son vivant.

    Les règles de la charia s’introduisent partout et dans toute l’Europe, grâce à l’appui des politiciens qui bafouent la Convention européenne des droits de l’homme et la vident de sa substance. Il est inacceptable que les femmes musulmanes n’aient pas les mêmes droits que les hommes en Europe, et qu’elles soient soumises partiellement ou entièrement à la charia, ce fatras juridico-religieux discriminatoire, injuste, arbitraire et moyenâgeux. Dire qu’elles acceptent soi-disant volontairement d’être jugées par des tribunaux islamiques est un sophisme. C’est tout aussi faux que de prétendre qu’elles portent soi-disant volontairement le voile ou la burqa, cette prison ambulante, qui les déféminise, les dépersonnalise, et les fait vivre selon des règles islamiques moyenâgeuses, du 7e siècle de notre ère.

    Dans l’Afghanistan théocratique, les talibans brûlent les écoles pour filles, tuent les instituteurs, mutilent les filles qui osent aller à l’école et les menacent de mort si elles ne se résignent pas à déserter l’école avant le 15 janvier 2009. Va-t-on ensuite prétendre que les filles ont abandonné volontairement l’école par respect pour la charia afghane ?

    La liberté religieuse a ses limites, et la tolérance ne permet pas de tolérer l’intolérable, par intérêt électoral, par lâcheté, par ignorance, par indifférence, ou par imbécillité.

    On se souvient que l’Archevêque de Canterbury Rowan Williams a défrayé la chronique en disant que « l’adoption » de certaines parties de la charia islamique au « Royaume-Uni » semble « inévitable », et que cela permettrait de maintenir la cohésion sociale. Il estime que le Royaume-Uni doit « affronter le fait que certains de ses concitoyens ne se reconnaissent pas dans le système juridique britannique ».

    Cet Archevêque, à demi converti à la charia, qui trouve que la foi chrétienne en la Trinité est difficile, parfois même offensante pour les musulmans (Voir sa lettre A Common Word for the Common Good du 15.7.2008), ignore donc que les musulmans qui ne se reconnaissent pas dans le système juridique britannique ou européen, ont la possibilité de retourner ou d’émigrer, dans les pays musulmans, où la loi coranique n’est pas appliquée partiellement, mais entièrement.

    Selon les sondages, 44 % des jeunes musulmans voudraient qu’on introduise la charia au Royaume-Uni. Leurs parents ont fui la Charia et émigré en Europe, rien ne les empêche d’émigrer (ou selon le cas de retourner) vivre dans un pays où la charia fait le bonheur des musulmans, s’ils n’acceptent pas le droit européen. Ils pourront y vivre le vrai islam, celui des décapitations, amputations, lapidations, condamnations à mort pour apostasie, adultère, blasphème, homosexualité, et j’en passe. Fuir les pays musulmans où l’on applique la charia et ensuite vouloir imposer celle-ci en Europe n’est pas tolérable.

    Ceux qui veulent introduire petit à petit la charia (règles religieuses du 7e siècle) dans tous les domaines de la vie, veulent détruire les droits de l’homme, les libertés fondamentales, la démocratie. Ils veulent diviser les citoyens en « communautés ethnoreligieuses », qui pratiquent l’ostracisme les uns envers les autres. Ils veulent « anarchiser » l’Europe, créer un système de droit communautarisé et d’apartheid selon la religion pratiquée.

    Si l’on comprend bien l’Archevêque, on évitera ainsi la ségrégation des populations musulmanes. Il faut dire à sa décharge que cet humaniste chrétien a précisé que l’acceptation de la Charia n’irait pas jusqu’à l’acceptation de châtiments du genre amputation, lapidation, ou flagellation. C’est vrai que l’introduction de la charia doit se faire par étapes. Il faut que les Européens aient le temps de s’habituer aux règles barbares de l’islam. Quelle mansuétude ! Nous voilà rassurés par un Archevêque qu’on peut qualifier de « musulman modéré ».

    C’est encore trop tôt pour réinstaller les tribunaux chrétiens et musulmans de l’Inquisition, mais il y déjà une volonté commune coranique et évangélique. Le cardinal Jean-Louis Touran estime même que Dieu a fait son retour dans les sociétés européennes grâce aux musulmans. Dieu est donc si faible qu’il lui a fallu l’aide des imams, des Mullahs et des Ayatollahs pour retrouver sa place.

    Il a fallu 19 siècles pour réaliser les droits de l’homme, tels qu’ils figurent dans la C.E.D.H., il faudra moins de 50 ans pour retourner au moyen-âge, grâce à la nouvelle collaboration et conspiration entre religions monothéistes.

    En juillet 2008, le lord Chief Justice Philips (président de la Haute Cour d’Angleterre) se déclarait d’accord pour que les musulmans puissent régler leurs conflits familiaux (droit familial) et financiers selon les règles de la charia. Il estime que la charia souffre d’une incompréhension généralisée (« sharia suffers from widespread misunderstanding »), tout comme Hani Ramadan du centre islamique de Genève. Il est en faveur de l’application de la charia, mais elle ne peut s’étendre à des peines corporelles. Le lord Chief Justice et l’Archevêque sont sur la même longueur d’onde pour communautariser le droit selon la religion, l’ethnie, ou les deux à la fois.

    Ce haut magistrat anglais et l’Archevêque se moquent donc la C.E.D.H, et sont donc d’accord que diverses communautés ethnoreligieuses, appliquent des lois religieuses absurdes, iniques, discriminatoires, variables d’un tribunal ethnoreligieux à un autre et d’un texte religieux à un autre.

    Mais au Royaume-Uni, il n’y a pas que les tribunaux de la charia qui s’installent. Cinq banques hallal ont été autorisées et pratiquent les principes de la charia financière.

    Le virus de l’intégrisme religieux, si virulent aux États-Unis, se répand comme une pandémie dans la classe politique européenne et dans le monde tout entier.

    Selon le ministre chrétien néerlandais J.P.H.Donner, l’instauration de la charia aux Pays-Bas doit être possible si une majorité parlementaire le vote et ce serait scandaleux, selon lui, de la refuser parce que la « majorité » c’est l’essence de la démocratie. Dès que la charia sera votée, le ministre J.P.H Donner ne devra d’ailleurs plus voter, il ne sera plus qu’un dhimmi, ou un « soumis ». Le ministre néerlandais, Wouter Bos, socialiste PvdA, veut autoriser des banques hallal, appliquant la charia financière, pour satisfaire les musulmans. Le refuser selon ce ministre pourrait avoir un effet contraire sur le combat antiterroriste. La ministre néerlandaise Ella Vogelaar (parti du Travail) n’est pas contre le port de la burqa, mais dit que ce n’est pas recommandable dans les cas où cela crée un obstacle professionnel, parce que le travail exigerait un contact trop important avec le public, etc. D’Afganistan à Hollandistan, on n’en est plus loin, avec des femmes-ministres qui acceptent la déshumanisation totale de la femme dans leur prison ambulante. On ne peut que dire « shame on you », Ella Vogelaar et Donner. Ajoutons à cela que la ministre néerlandaise, chrétienne CDA, Maria van der Hoeven a demandé dans un débat parlementaire, qu’on enseigne à l’école « l’intelligent design » autrement dit le « créationnisme ».

    Nous ne voulons pas d’une justice parallèle et discriminatoire. Nous voulons maintenir en Europe l’égalité entre tous les hommes et toutes les femmes, le respect de la Déclaration universelle des droits de l’homme, la démocratie, etc. Nous disons donc non à la charia contraire à tous les principes de justice, d’équité et d’égalité.

    Nous refusons la communautarisation de la société en groupes ethnoreligieux qui vivent selon des lois différentes. Nous condamnons la haine propagée par les religions entre elles et contre les infidèles. L’infidèle n’est pas, comme le dit le Coran, un criminel, un pervers, un hypocrite, un méchant. La liberté de croire ou de ne pas croire est un droit et la discrimination ne peut être pratiquée à l’aide des livres saints.

    Les livres saints divisent le genre humain en catégories de fidèles et d’infidèles, qu’on oppose ensuite les uns aux autres. En réalité, il n’existe pas de fidèles, parce que les fidèles d’une religion sont des infidèles, envers une autre religion. Le droit religieux ne peut se substituer au droit séculier. Le droit à la différence ne peut conduire à la différence des droits.

    Dans plusieurs grandes villes anglaises, telles que Londres, Birmingham, Bradford, Manchester, Nuneaton (Warwickshire) des tribunaux islamiques opèrent depuis août 2007. Ces tribunaux islamiques prononcent des jugements religieux basés sur la charia. Deux autres tribunaux islamiques (sharia courts) s’ouvriront à Glasgow et Edinburgh. L’Église écossaise anglicane est également favorable à la création de tribunaux de la charia. Le révérend Ian Galloway a dit que les tribunaux islamiques avaient été injustement dépeints à la suite des propos de l’Archevêque de Canterbury.

    Les tribunaux religieux, prononcent des sentences conformes à la loi coranique, au nom d’Allah, qui donne son exequatur, etc., dans le domaine du droit civil familial, du mariage et du divorce, d’héritages, de nuisances entre voisins, et même pour violences domestiques.

    Les musulmans se sont inspirés des Beth Din, les tribunaux rabbiniques, qui existent depuis environ 100 ans au Royaume-Uni. Ces tribunaux rabbiniques règlent des conflits de droit civil, les disputes familiales, les mariages religieux et les divorces, les violations de contrats civils et commerciaux, etc. Selon la loi juive, les juifs orthodoxes ont interdiction de porter leurs disputes civiles devant un tribunal séculier, ils doivent faire appel au Beth Din. Les tribunaux religieux juifs (Beth din), au Royaume-Uni, fonctionnent également sur base de « l’Arbitration Act 1996 ».

    Sous l’Arbitration act, on peut régler des conflits en se servant de n’importe quel droit étranger ou de n’importe quel code religieux, que ce soit la Thora, le Talmud, la Sharia, la Bible, les Évangiles, le livre de Mormon, etc. Dans le la loi juive, les femmes ne peuvent divorcer religieusement, tant que le mari ne délivre pas le guet ou « lettre de répudiation ». Le grand rabbin de France, Joseph Sitruk, veut créer un tribunal rabbinique national.

    Dès que des lois religieuses servent de base au règlement des conflits entre époux, on sait que la femme est toujours la victime discriminée, désavantagée, méprisée. Les pays qui autorisent l’application de ces règles religieuses moyenâgeuses ne sont plus des démocraties.

    Les musulmans prennent comme modèle les tribunaux judaïques, appelés généralement Beth Din. C’est pourquoi au Canada, le gouvernement de la province de l’Ontario, a décidé de refuser la création de tribunaux d’arbitrages islamiques et de remettre en cause les tribunaux existants, chrétiens et juifs.

    On ne peut interdire les tribunaux de la charia et autoriser les tribunaux de la Thora. Il faut stopper la folie religieuse intégriste et fondamentaliste, sans quoi l’Europe deviendra l’Europe de la discrimination, l’Europe de la ségrégation, l’Europe de l’Apartheid, qu’elle a tant condamnée en Afrique du Sud.

    Les tribunaux ethnoreligieux en Europe, c’est la boîte de pandore, c’est la communautarisation du droit selon l’ethnie, la religion, la nationalité, et autres tendances diverses. Si chaque communauté religieuse érige son propre tribunal basé sur des règles religieuses et ethniques, ce sera l’anarchie et ce tribalisme religieux mettra l’Europe à feu et à sang. Pourquoi pas aussi des tribunaux d’arbitrage pour les blancs, les noirs, les jaunes, les basanés ? Où est la limite ?

    On aura en Europe des tribunaux musulmans, selon leur ethnie ou leur nationalité : des tribunaux de la charia marocains, algériens, tunisiens, saoudiens, libyens, iraniens, turcs, pakistanais, soudanais, nigériens, indonésiens, etc., mais aussi selon les tendances dans l’islam, des tribunaux sunnites ou chiites, des tribunaux conservateurs, orthodoxes, type salafistes ou wahhabites, etc.

    L’existence de Tribunaux de la charia ou de tribunaux de la Torah a pour conséquence que toute autre religion ou secte doit avoir les mêmes droits. Ce sera la prolifération de tribunaux catholiques, protestants, orthodoxes, juifs, hindous, bouddhistes, Témoins de Jéhovah, Mormons, etc., sans oublier aussi leur division selon la nationalité. Le monopole des tribunaux religieux ne peut être octroyé ni à l’islam ni au judaïsme.

    Il faut qu’on interdise les tribunaux religieux parce qu’ils sont irrationnels, arbitraires, et injustes. C’est inacceptable au 21e siècle. Ce serait pire qu’au temps des Tribunaux d’Inquisition de la religion catholique, qui avait le monopole en matière de législation et de jurisprudence ecclésiastiques.

    Les tribunaux religieux portent atteinte aux droits de l’homme et à l’égalité entre les sexes. Les articles 5 et 6 et 7 du texte de la résolution 1464 adoptée le 4.10.2005 par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, ne tolèrent pas de tels tribunaux et invitent à supprimer ceux qui existent : « Toutes les femmes vivant dans des États membres du Conseil de l’Europe ont droit à l’égalité et à la dignité dans tous les domaines de la vie. La liberté de religion ne peut pas être acceptée comme un prétexte pour justifier les violations des droits des femmes, qu’elles soient flagrantes ou subtiles, légales ou illégales, pratiquées avec ou sans le consentement théorique des victimes - les femmes. Il incombe aux États membres du Conseil de l’Europe de protéger les femmes contre les violations de leurs droits au nom de la religion, et de promouvoir et pleinement mettre en œuvre l’égalité entre les sexes. Les États ne doivent accepter aucun relativisme culturel ou religieux en matière de droits fondamentaux des femmes. Ils ne doivent pas accepter de justifier la discrimination et l’inégalité touchant les femmes pour des raisons telles que la différentiation physique ou biologique fondée sur ou imputée à la religion. Ils se doivent de lutter contre les stéréotypes sur le rôle des femmes et des hommes motivés par des croyances religieuses, et ce depuis le plus jeune âge, y compris à l’école. »

    L’Assemblée parlementaire exhorte donc les États membres du Conseil de l’Europe en son article 7, à protéger pleinement toutes les femmes vivant sur leur territoire contre toute violation de leurs droits fondée sur ou attribuée à la religion : en mettant en place et en appliquant des politiques spécifiques visant à lutter efficacement contre toutes les violations du droit des femmes à la vie, à l’intégrité physique, à la liberté de circulation et au libre choix du partenaire, notamment les prétendus crimes d’honneur, les mariages forcés et les mutilations génitales féminines, quels que soient le lieu où ces violations sont commises et la personne qui en est l’auteur, et quelle que soit leur justification, indépendamment du consentement théorique de la victime ; ce qui signifie que la liberté de religion trouve ses limites avec les droits de la personne humaine ; en refusant de reconnaître les codes de la famille étrangers et les lois relatives au statut personnel reposant sur des principes religieux qui violent les droits des femmes, et en cessant de les appliquer sur leur propre sol, en renégociant si nécessaire des traités bilatéraux.

    L’article 14 de la C.E.D.H interdit les discriminations fondées notamment sur le sexe, la race, la couleur, la langue, la religion, les opinions politiques ou toutes autres opinions.

    Il faut aussi rappeler que par un arrêt rendu à Strasbourg le 31 juillet 2001 dans l’affaire Refah Partisi, Erbakan, Kazan et Tekdal c. Turquie (ns 41340/98 & 41342-4/98), la Cour européenne a jugé que l’intention d’établir un système multijuridique fondé sur la discrimination selon les croyances, d’instaurer la loi islamique (la Charia) qui se démarque nettement des valeurs de la Convention européenne des droits de l’homme, est contraire à ladite Convention, et aucune disposition de la Convention ne peut en vertu de son article 17 être interprétée comme impliquant pour un État, un groupement ou un individu, un droit quelconque de se livrer à une activité ou d’accomplir un acte visant à la destruction des droits ou libertés dans la présente convention ou des limitations plus amples de ces droits et libertés que celles prévues à ladite convention.

    La charia ne peut donc servir de législation, dans des tribunaux islamiques, sur le territoire européen, même si les personnes jugées, notamment les femmes musulmanes étaient soi-disant théoriquement consentantes.

    Le Conseil européen pour la Fatwa et la recherche (1), créé en 1997 et établi au Royaume-Uni (Londres) veut introduire la charia partout en Europe et les tribunaux islamiques en sont une application pratique.

    Le Conseil européen de la Fatwa et les tribunaux de la charia sont contraires à l’ordre public, à la Constitution de chaque pays européen, à la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, à la Convention de sauvegarde des Droits de l’Homme (C.E.D.H), au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, à la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes.

    Avant de conclure, il est peut-être utile de dire qu’il y a plus de 7OO madrasas au Royaume-Uni, ce qui est encore bien plus inquiétant que les tribunaux islamiques, parce qu’on y endoctrine dangereusement les enfants à l’aide d’un Coran qui incite à exterminer l’infidèle.

    Pour ne citer qu’un exemple de madrasas à la pakistanaise, au Royaume-Uni, un article dans « The Independent U.K » titrait : Les dirigeants musulmans craignent que des milliers d’enfants soient abusés dans les madrasas au Royaume-Uni. (Traduction partielle) Robert Verkaik y écrit que des milliers d’écoliers musulmans sont physiquement et sexuellement abusés par leurs enseignants religieux et les imams chaque année, d’après un rapport relatif au système d’éducation islamique. Selon le rapport du Muslim parliament of the U.K, « Les dirigeants musulmans craignent que des milliers d’enfants soient abusés dans les madrasas. Deux cent mille enfants musulmans suivent un enseignement coranique dans 1600 écoles islamiques ou madrasas opérant au Royaume-Uni selon le Times (1.1.2009). Les abus y seraient si graves que le Dr. Ghayasuddin Siddiqui, dirigeant du Muslim Parliament, dit que la solution du problème ne consiste pas à balayer le problème sous le tapis. Une douzaine d’enfants sont sexuellement abusés chaque année par les enseignants et imams, rarement un cas est rendu public. Si rien n’est fait, ajoute-t-il, maintenant, il faudra faire face à une avalanche de scandales d’abus sexuels d’enfants, comme cela a été le cas dans chez les catholiques en 1990. (1) Le Parlement musulman demande au Gouvernement un schéma d’enregistrement national des madrasas ».

    Les exigences ségrégationnistes des islamistes sont telles qu’ils veulent vivre totalement en dehors des lois européennes et des traditions européennes. Sous prétexte de sauvegarder leur « propre identité religieuse et culturelle », ils veulent compromettre la nôtre, et vivre dans un isolement, un ostracisme total, avec leurs traditions et prescriptions coraniques absurdes et anachroniques de leur pays d’origine, et nous imposer de gré ou de force la charia qui règle toute la vie musulmane. La liste des principes de la charia qui sont déjà en usage dans la société européenne s’allonge chaque jour et les revendications musulmanes s’amplifient, vu la complicité de nos politiciens.

    Les musulmans dans les grandes villes vivent complètement « repliés sur eux-mêmes », avec leurs us et coutumes musulmans, comme dans leur pays d’origine. C’est le rejet total de l’intégration, c’est de l’ostracisme à outrance. Une femme qui épouse un non-musulman risque d’être tuée, on ne se marie en principe qu’entre musulmans et quitter l’islam est interdit. Ils installent des tribunaux de la charia. Ils fréquentent uniquement le boucher halal et pratiquent l’abattage halal, l’épicier halal, la boulangerie halal, la poissonnerie halal, la banque halal, le coiffeur musulman, le bijoutier musulman, les cafés et snacks musulmans, le médecin musulman, le pharmacien musulman, la cuisine halal séparée à l’école publique (on ne cuisine pas dans une casserole impure de l’infidèle) ils exigent la fin de la mixité dans les écoles, un programme scolaire adapté, les filles voilées doivent briser la laïcité et la mixité à l’école publique et dans l’administration en refusant les règles de la neutralité publique, on crée de plus en plus des écoles purement musulmanes, ils exigent les règles de la charia dans les hôpitaux, ils créent des hôpitaux hallal en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et bientôt aussi des maisons de repos hallal aux Pays-Bas. Les fournisseurs pour tous ces commerces hallal sont souvent des marchands en gros hallal. C’est un circuit économique, social, politique et religieux complètement fermé dans lequel les commerçants musulmans sont approvisionnés par des fournisseurs musulmans, et dans lequel on vit dans un système qu’on peut appeler « autarcie musulmane ». On achète, on vend, on dépense et on consomme, mais uniquement entre musulmans, sauf cas de force majeure. Une telle évolution ségrégationniste et communautariste dans la société européenne ne peut que déclencher des tensions graves entre communautés, telles que celles qu’on découvre chaque jour en Inde et ailleurs dans le monde.

    Qui va encore arrêter cette folie religieuse intégriste et fondamentaliste, aussi bien chrétienne que musulmane qui se répand comme une pandémie ? Il a fallu 19 siècles de combat contre l’obscurantisme moyenâgeux, le despotisme de l’Église et des Rois catholiques, pour obtenir en Europe la démocratie et le respect des droits de l’homme. On a créé une civilisation avancée grâce au Siècle des Lumières. Les islamistes veulent détruire, à l’aide de l’islam totalitaire et de la charia qui en est l’application, en moins de 50 ans ce que nous n’avons pu réaliser qu’en 19 siècles, c’est-à-dire, la civilisation occidentale, la démocratie, les droits de l’homme, pour nous imposer de gré ou de force l’obscurantisme religieux et moyenâgeux d’un bédouin illettré du 7e siècle.

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    Source : http://www.fairelejour.org/article.php3?id_article=1893

     


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  • Le nouveau gouvernement belge obtient la confiance des députés

    Les députés belges ont entériné vendredi sans surprise la nomination du nouveau Premier ministre, le chrétien-démocrate flamand Herman Van Rompuy, nommé mardi en remplacement d'Yves Leterme, poussé à la démission par le "Fortisgate".

    Par 88 voix pour et 45 contre, les députés ont voté la confiance au nouveau gouvernement.

    Herman Van Rompuy a été longuement applaudi par les députés.

    Il les a appelés à ne pas juger son gouvernement "sur ses intentions mais sur ses résultats, pas les résultats à très court terme mais (...) en 2011". Juin 2011 est la date prévue pour les prochaines législatives belges, mais certains doutent que le nouveau gouvernement puisse tenir jusque-là, en raison notamment des tensions persistantes entre communautés francophone et néerlandophone.

    Yves Leterme avait démissionné le 19 décembre, car son entourage était accusé d'avoir fait pression sur la justice pour qu'elle valide le plan de sauvetage de la banque Fortis et son passage sous le contrôle de BNP Paribas.

    Le nouveau gouvernement a repris l'essentiel du programme et de la composition de l'équipe d'Yves Leterme, en s'appuyant sur une large coalition de cinq partis: chrétiens-démocrates et libéraux côté flamand, chrétiens-démocrates, libéraux et socialistes côté francophone.

    Mais Herman Van Rompuy s'est engagé sur un terrain dangereux en réclamant dès son premier discours au Parlement mercredi une accélération des négociations communautaires sur l'avenir du pays.

    Il vise notamment des solutions "dès l'été" concernant le seul arrondissement bilingue du pays, celui de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV), qui cristallise les clivages linguistiques.

    Les Flamands exigent la scission de BHV depuis des années, mais les francophones veulent le maintenir car il permet aux francophones vivant dans la banlieue flamande de Bruxelles de voter pour des candidats francophones de la capitale et d'aller en justice en français.

    L'opposition flamande a mis en doute vendredi la légitimité du nouveau gouvernement en Flandre.

    Jan Jambon, du parti nationaliste NVA, a dénoncé "un gouvernement qui ne dispose pas d'une majorité chez les Flamands", et Gerolf Annemans, du parti flamand d'extrême droite Vlaams Belang, une "concession faite aux francophones" sur BHV.

    "Le seul ciment de ce gouvernement, c'est la peur de l'électeur", a résumé Jean-Marie Dedecker, président du mouvement radical flamand Liste Dedecker.

    Les partis d'opposition ont aussi critiqué les commissions d'enquête parlementaires qui doivent être mises en place la semaine prochaine pour tirer les leçons du Fortisgate, dénonçant une opération de "blanchiment" d'Yves Leterme.

    M. Van Rompuy a annoncé la création de deux commissions, l'une sur la "séparation des pouvoirs", et l'autre sur les seuls aspects économiques et financiers de la crise. L'opposition y voit un moyen de limiter le champ d'investigation.

    "Le gouvernement tente à nouveau de s'immiscer dans un autre pouvoir" alors que son prédécesseur est justement tombé à cause d'un problème de séparation des pouvoirs, a critiqué l'écologiste Jean-Marc Nollet.


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